Andrézieux-Bouthéon, ville moderne de 10 000 habitants aujourd’hui, est née de l’union en 1965, de deux communes complémentaires.
Andrézieux
Le nom latin d’Andrézieux s’écrivait sous des formes variées dès le 10ème siècle. On relève en 1337 la mention d’Andreisacus, appellation gallo-romaine, dont la terminaison évoque la « villa d’André », le mot villa signifiant alors domaine.
Le transport fluvial
Depuis 1750 environ, les charbons de Saint-Etienne et Roche-la-Molière (les charbonnages de la Loire constituaient alors la principale richesse du département), transportés par des chars à bœufs, empruntaient la route de Saint-Etienne, Saint-Genest-Lerpt et Saint-Just pour être embarqués au profit d’Andrézieux. Des magasins de stockage de charbons furent donc construits à Andrézieux et la houille était dirigée sur Roanne et au-delà par bateaux navigant sur la Loire et appelés rambertes (sapines fabriquées à Saint Rambert).
Au début du 19ème siècle, Andrézieux n’est encore qu’un hameau de quelques maisons proches de la confluence du Furan et de la Loire. Rattaché à la commune de Saint Cyprien, qui est situé sur l’autre rive de la Loire, le site est alors habité essentiellement par des Stéphanois (environ 500). Plusieurs ménages vivent de maisons de commerce autour d’entrepôts. En 1823, Andrézieux est détaché de Saint Cyprien mais pour être rattaché tout de suite à la commune de Bouthéon. En 1825, le Conseil Général décide la création d’une route reliant Saint-Etienne à Montbrison (alors préfecture du département) et passant par Andrézieux. La traversée du fleuve Loire à Andrézieux s’effectue alors par un bac.
La première ligne de chemin de fer d’Europe continentale
En 1827, avec l’arrivée de la première ligne de chemin de fer continental reliant Saint Etienne à Andrézieux, cette dernière commence son véritable développement.
Déjà, en 30 de notre ère un chemin de portage des marchandises devait passer à Andrézieux : chariots venant de la vallée du Rhône, transportant les marchandises destinées aux Arvernes et celles embarquées sur la Loire. Les historiens Chapotat et Dechelette mentionnent dans une étude sur la préhistoire et la protohistoire de notre région, un itinéraire de voie de portage venant de Givors à Roanne par la Vallée du Gier, celle de Langonand, puis celle de Furens, la plaine du Forez et le fond des Gorges de la Loire (route plate de Strasbon entre Rhône et Loire).
Le transport des marchandises par la Loire devait exister depuis l’antiquité mais ne fut vraiment organisé qu’en 1702 lorsque le conseil de la Loire accorda au sieur Lagardette la permission d’effectuer des travaux et d’organiser la navigation sur la Loire. C’est pour faciliter le transport de charbon de Saint-Étienne à Andrézieux que fut établie la 1ère ligne de chemin de fer de France. En effet, approvisionner les quelques 3000 bateaux qui passèrent en 1822 à Andrézieux, n’était pas très aisé avec les tombereaux.
Aussi, dès 1823 on commença d’établir entre Saint-Étienne et Andrézieux cette 1ère ligne de chemin de fer de France ouverte à la circulation le 30 juin 1827 pour le transport du charbon dans des wagons, appelés « chariots », qui étaient tractés par des chevaux. Au retour, ils transportaient du gravier, du sable et de la chaux. C’est le 1er mars 1832 que des voyageurs purent emprunter ce nouveau moyen de transport : arrivés aux Mottières (près de la Terrasse à Saint–Étienne) en diligence, les voyageurs sans quitter leur place, voyaient la caisse de la diligence soulevée par une grue qui la déposait sur la plate-forme d’un wagon (l’ancêtre du ferroutage). Le chemin de fer les menait jusqu’à Andrézieux où l’opération inverse s’effectuait, les voyageurs continuaient alors leurs voyages par la route. La première locomotive ne fit son apparition qu’en 1844.
Le pont sur la Loire et les inondations
En 1831, un pont suspendu est construit pour remplacer la traversée de la Loire par bac qui était peu pratique étant donné le flux important de circulation. La crue d’octobre 1846 endommagea le pont mais il fut réparé.
Avec la déclin du transport par voie fluviale, la population de la ville stagne (902 habitants en 1876).
L’essor économique
Puis, le développement de l’industrie de la fin 19ème relance Andrézieux (1483 habitants en 1911 contre 912 pour Bouthéon).
Dans l’entre-deux guerres, la population se stabilise aux alentours de 2000 habitants et les industries (textile, bâtiment, bois et matériaux de construction, métallurgie) se maintiennent bien. Les Stéphanois continuent d’y bâtir des maisons de campagne, villas cossues ou maisonnettes d’allure modeste.
Après-guerre, Andrézieux prend le visage d’une très petite ville où toutefois de nombreux espaces « libres » demeurent : en 1960, 60% de la surface communale est encore en terre labourée et en prés (dont 90 hectares en vergers, vignes et surtout légumes) ; mais seulement 4% des habitants vivent de l’agriculture en 1954.
En 1962, Andrézieux compte 2575 habitants et s’étend sur 438 hectares.
Bouthéon
En ce qui concerne Bouthéon, c’est en 1115 que l’on retrouve la première mention du nom sur l’acte de fondation du prieuré des religieuses de Beaulieu en Roannais. Pour certains, Bouthéon aurait pour origine latine « bodedunum », « bode » étant un nom gaulois et « dunum » signifiant forteresse ou colline. Pour d’autres, Bouthéon aurait une origine celtique où « Bod-te-on » se traduirait par « toit élevé au-dessus de l’eau », référence directe à la présence du fleuve Loire et à la colline où se trouve le village historique et son château.
Le Château
Le village de Bouthéon fut au Moyen-Age une de ces paroisses foréziennes groupées avec leur église autour d’un château. Si l’église du XIIème siècle n’existe plus (l’église actuelle date de la deuxième moitié du 19ème siècle), le Château de Bouthéon est toujours bien présent, même s’il a connu de nombreuses évolutions au fil des siècles. Ce château fut, tour à tour, la propriété des comtes du Forez (13ème-15ème siècle), des La Fayette (15ème siècle), des Bourbon (15ème-16ème siècle), des Gadagne (16ème-18ème siècle), des Praire de Neysieux (18ème siècle), des Grailhe (19ème siècle), des Coignet (19ème-20ème siècle), des Grousset (20ème siècle).
Le village
Le village médiéval était également ceinturé de murailles flanquées de tours de défense. La dernière tour s’est écroulée au milieu du 20ème siècle. Par contre, la porte de l’enceinte du village fortifié, dite « porte impériale », est encore visible de nos jours.
En 1825, le Conseil général de la Loire décide la construction de la route royale de Roanne au Rhône, passant par Feurs, Bouthéon, Saint-Etienne, Annonay et Tournon, ainsi que la route de Montbrison (qui était alors Préfecture de la Loire) avec embranchement avec la route royale à la Gouyonnière. Bouthéon devient, de ce fait, le point de transit des directions Saint-Etienne – Roanne et Saint-Etienne – Montbrison.
Entre 1830 et 1911, la population de Bouthéon, très rurale, n’augmente quasiment pas, passant de 900 à 912 habitants (dans le même temps, Andrézieux passait de 700 à 1483 habitants).
En 1946, le tiers des habitants de Bouthéon vit de l’agriculture (30% en 1954). Dans les années 60, 90% de la surface de Bouthéon est en terres labourées et en prés. Des terrains plats idéals pour un développement industriel et urbain.
En 1962, Bouthéon compte 956 habitants et s’étend sur 1190 hectares.
La fusion d’Andrézieux et de Bouthéon
La fusion des deux communes fût effective le 1er mars 1965. Le maire d’Andrézieux était alors Pierre Desgranges et le maire de Bouthéon, Jean Imbert.
Pour certains observateurs, la situation géographique privilégiée des deux communes, étant proches de Saint-Etienne (13 Km), les prédestinait à un développement industriel et commercial important. Dans les années 50, il y eut d’ailleurs un projet de création d’une agglomération urbaine dite ville des Trois ponts regroupant Andrézieux, Bonson, Bouthéon, Saint Cyprien, Saint Just sur Loire et Saint Rambert (ces deux dernières communes fusionneront en 1973). Toutefois, il fallut attendre 1964 pour que le projet de rapprochement entre Andrézieux et Bouthéon, longuement prévisible, se concrétise… rapidement.
Ainsi, en août 1964, la Préfecture de la Loire leur fit connaître que la création d’une zone industrielle et d’une zone d’habitation imposait, pour des questions de financement et de répartition d’impôts, la fusion des deux communes. Les deux conseils municipaux donnaient alors le feu vert. Le 18 janvier 1965 était publié le décret ministériel d’approbation. Publié au Journal Officiel, il prononçait la fusion des communes d’Andrézieux (canton de Saint-Rambert) et de Bouthéon (canton de Saint-Galmier) et décidait que la nouvelle commune prenait le nom d’Andrézieux-Bouthéon, avec une appartenance au canton de Saint-Galmier.
Dimanche 28 février 1965, la fusion des deux communes devenait effective.
La nouvelle ville d’Andrézieux-Bouthéon comptait alors 3531 habitants, 2575 provenant d’Andrézieux et 956 de Bouthéon. En 1968, le recensement donnait une population totale de 3952 habitants, puis 7640 en 1975, 8877 en 1982, 9407 en 1990. Le dernier recensement officiel a comptabilisé 9895 andréziens-bouthéonnais.
Côté superficie, Andrézieux apporta ses 438 hectares et Bouthéon ses 1190 hectares, soit un total de 1628 hectares.
Suite à la fusion, un programme d’aménagement fut mis en place, comprenant la création d’une zone industrielle de 120 hectares, une zone d’habitation dans un nouveau quartier appelé « La Chapelle » (trait d’union entre les quartiers d’Andrézieux et de Bouthéon) et un terrain de sport de 6 hectares séparant la zone d’habitation et la zone industrielle.